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Artistes marocains
2 décembre 2010

MERGUEZ ET HARISSA de l'artiste peintre et écrivain marocain Abderrahmane Zenati

 

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Extrait:



Oujda, à cette époque, était un coin du paradis sur terre où Juifs et Musulmans vivaient en paix et dans une harmonie complète… Artisans et commerçants des deux confessions tenaient leurs boutiques côte-à-côte. CHAMOUN le ferblantier juif qui fabriquait de vagues objets, lampes à pétrole ou récipients divers avec des boites de conserves était le voisin de KOUTATA le musulman, marchand de légumes. La porte de Moshé Ben Adiba, le cordonnier réparateur de vieux souliers et fabriquant des sandales taillées dans des pneus d’automobile, faisait face à celle de Kachouane le tailleur. Marcel Azoulay le bourrelier était voisin avec Ben Dali le bijoutier. Mordkhaï le serrurier était associé avec Mohamed Al Alj. 

Jacob Touboul le matelassier était mitoyen avec Labyed le coiffeur. Les Juifs d’Oujda étaient connus pour leur longévité, précisément, disait-on à cause des drogues, talismans et autres amulettes écrites en hébraïque par le rabbin El Cohen Jacob. Ce vénérable vieillard à la longue barbe blanche versait, disait-on encore dans les sciences occultes. Il arrivait même, selon certaines dames, à... solidifier l’eau, alors que le congélateur n’existait pas encore. Beaucoup de musulmanes stériles n’hésitaient pas, elles aussi, à lui rendre visite. 
Les Oujdis cohabitaient paisiblement avec les Juifs et se rendaient parfois de menus services. Certains Juifs vivaient, en effet, à Oujda depuis des siècles. D’autres comme les Marciano, Sebag, Rosalie, Touboul, Zaoui, Sadoun, Pinto, Perez, Medioni, Haziza, Elbaz Elgrabli etc.… s’y sont installés plus récemment en venant de Debdou, Séfrou et Demnate entre autres. Tous vivaient modestement, mais ils étaient dynamiques, honnêtes, humbles et acceptaient avec résignation leur destin dans une société cosmopolite où les jeux étaient déjà faits. Partout, à Oujda, il y avait un mélange extraordinaire de races, de langues, de dialectes et autant de modes de vie avec tout ce que cela comporte, comme accents, odeurs, bruits, etc. Contrairement aux Juifs des autres villes qui habitaient dans les Mellahs, les Juifs d’Oujda logeaient librement tous les quartiers de la ville. Depuis des siècles, des familles musulmanes et hébraïques cohabitaient en parfaite symbiose. Ces derniers bénéficiaient de la situation de «minorités protégées» accordée aux «gens du Livre» en terre d’Islam. 

Les Juifs étaient directement placés sous la protection des souverains, mais en périodes de troubles, ils se plaçaient, d’eux-mêmes, sous la protection d’un de leurs voisins Musulmans influents : «horm», moyennant une certaine obéissance et une sorte de tribut garantissant leur sécurité. Le contrat de protection était scellé par le sacrifice de deux moutons ou d’un veau sur le seuil de la maison du protecteur. Cette immolation «D’biha» liait plusieurs générations successives. D’où le proverbe : « Coul’ ihoudi andou sidou. » Pour défendre le juif sous sa protection, un Musulman pouvait aller jusqu’à combattre, par les armes, un de ses coreligionnaires.

Les Juifs, de la ville, avaient une grande autonomie dans la pratique de leur religion, leur culte, leurs traditions, leurs coutumes, leur législation religieuse et civile et leurs tribunaux. Cependant, la culture juive et musulmane était la même. Ils parlaient le même dialecte, chantaient les mêmes chansons, dansaient sur le même rythme et de la même façon. Les recettes de cuisine étaient presque semblables. Le juif se gardait bien d’entrer dans les mosquées, toucher au Coran, le critiquer ou en fausser le texte, de tenir des propos méprisants ou mensongers à l’encontre du Prophète ou de l’Islam et de détourner un musulman de sa foi. 

Un juif ne pouvait toucher une musulmane même en vue du Mariage. Les Juifs, par leur savoir-faire, contribuaient au développement économique de la région. Ils étaient commerçants, bijoutiers, coiffeurs, tailleurs, cordonniers, teinturiers, ébénistes, bouchers, imprimeurs, droguistes photographes etc. 

Avec l’exode rural, la ville allait devenir une véritable pétaudière : Chaque jour apportait son lot d’aveugles, d’estropiés, d’idiots, de fous et de voleurs auxquels s’ajoutaient des milliers d’algériens. Certaines rues calmes et paisibles jusque-là, étaient devenues de ce fait, de vrais repaires de truands, de contrebandiers et de trafiquants de tous acabits. Il y avait aussi de nombreux cambrioleurs qui venaient des villages périphériques : Derb M’basso et des villages Ben M’rah, Khalloufi, Koulouch et Mir Ali. Ils s’acharnaient particulièrement sur les Juifs qu’ils croyaient riches et cachaient d’immenses fortunes. Le Mossad s’activait à semer la zizanie entre les deux communautés afin de hâter le départ des hébreux vers Israël nouvellement créé… 

Il y avait des dizaines de milliers de Juifs marocains à Oujda… Aujourd’hui, au moment où ces lignes furent écrites, il n’en reste plus que cinq vieillards : Deux hommes et trois femmes. Les autres, sont partis en Israël, en France et au Canada. 

Les Juifs marocains qui furent longtemps méprisés à la fois par l’administration française, par leurs frères de race algériens de nationalité française et surtout à cause des Musulmans fanatisés, beaucoup avaient pris des noms français, américains... D’autre, ceux qui avaient réussi dans les affaires à Oujda, pour être respectés et admirés des arabes, avaient abjurés leur religion et étaient devenus carrément Musulmans. Ils avaient pris des noms typiquement de Fès. La plupart de leur descendance habite toujours Oujda et dirigent des affaires rentables. D’autres encore sont de hauts cadres dans l’administration et à la tête des grandes affaires industrielles et bancaires de Casablanca.

 

Créatioon espace

 

ŒUVRES DÉJÀ PARUES DU MÊME AUTEUR


Les Cigognes reviendront-elles à Oujda ? 
Mémoire de la Fourmi.
Vol de la Fourmi.
La Déchirure.
L’Aube des Maudits 
Le retour du bigame
Marjana 
La seconde épouse
La maison en face
Tamoula
Paroles de fous
Al hogra 
La Vallée des Oliviers
Un Homme Simple 
Paroles Étranglées
L’Homme en Colère
Adieu Oujda, ma bien-aimée
L’Homme d’Amérique
Mon ami Tchita le juif
De la Haine en Héritage
Confidences d’un âne de l’Oriental
Haffou le fou
La Malédiction d’Allah
Le Vent de l’Est s’arrête à Figuig
Un Homme Presque Parfait 
Ces hommes fous de l’Oriental 
Des Mots à la place du pain 
Le Fou de Sarah
Le Chemin de l’Enfer 
Khalti Fatna
La Vallée Oubliée
Goût de cendre
Crépuscule des Anges
Nous n’irons pas tous au Paradis
Le cri de l’agneau
Merguez et Harissa
Grain de sable
Un dimanche à Saïdia
Le mal de l’absence 

Pour se procurer un de ces livres qu’on trouve difficilement dans le commerce, contactez directement l’auteur :

Abderrahmane Zenati
B.P. 338 Poste de Saïdia Maroc
Tel : (212) 0661829262

abderrahmanezenati@yahoo.fr 

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Commentaires
M
A propos de votre livre : « Merguez et Harisa »<br /> <br /> Cher M. Zenati,<br /> Pardonnez mon audace, … car nous ne nous connaissons pas ! Enfin, … VOUS ne me connaissez pas, ce qui n’est pas mon cas ! C’est que mon ami Jean me parle de vous tellement chaleureusement que j’ai l’impression très réelle de vous avoir déjà rencontré. Vous voulez des preuves ? :<br /> - des quantités de photos prises par Jean à Saïdia, entouré de vos œuvres,<br /> - vos peintures : trois d’entre elles ornent ma maison, toutes des cadeaux précieux de Jean. Très important pour moi. Très symbolique avec cette résonance très particulière au plus profond de moi. C’est que Jean me connaît bien…, enfin, je crois ! Je veux parler : <br /> – des « TROIS CAVALIERS AU GRAND GALOP », en recherche des beautés du monde. Je les appelle « mes trois chevaliers Templiers ». Vous connaissez, ces moines-soldats qui ont hanté mes recherches, parce que l’une de leurs commanderies se trouve dans notre village, et qui avaient le rêve fou d’unir les trois religions. <br /> - de ce « CHEVAL ROUGE » crinière au vent, qui repart à leur devant pour leur dire de se presser, car leur quête est urgente ! <br /> - de ce magnifique bouquet de «MARGUERITES », ma fleur préférée, dans la splendeur lumineuse de leur épanouissement.<br /> Des peintures qui sont le reflet, aussi bien par leur trait, leur matière que par leurs thèmes, de votre forte et sensible personnalité.<br /> - Et puis il y a ce livre : « MERGUEZ et HARISA », dont je viens de terminer la lecture et qui se trouve être la raison de ces quelques mots, ce livre où j’ai retrouvé le même souffle, le même enthousiasme, le même attachement à votre pays que dans vos peintures. Et comme je demandais à Jean s’il pouvait vous communiquer, lors de son prochain passage à Saïdia, combien j’avais été touchée par votre fabuleux destin, votre parcours, votre style coloré et plein d’émotion, il m’a suggéré de le faire moi-même, d’où cette lettre. <br /> Mais je dois vous dire que, tout en ayant beaucoup écrit dans mon existence, ce n’est pas mon métier et que je laisse simplement les mots passer de mon cœur à ma « plume ». Je connais un peu le Maroc : une toute petite partie par moi-même à travers deux voyages et beaucoup à travers Jean et c’est toujours pour moi comme un rêve, un conte, quand il m’en parle, un parfum d’aventure, un ailleurs qui me fascine.. Et puis, je ne manque jamais, lors de mes passages à Paris, de visiter le musée de l’Institut du monde arabe, aux collections remarquables. Enfin, il faut dire que, dans notre village, de nombreux Marocains sont nos voisins de maisons, de rues, nos compatriotes. Donc le Maroc, c’est un peu le pays d’à côté !<br /> Voilà pour le préambule vous expliquant le pourquoi du comment et c’est chose faite pour les présentations. Maintenant, je vais pouvoir vous faire part de mes réflexions au sujet de « Merguez et Harisa » !<br /> ……………………………………………………………………………………………………………………………………<br /> <br /> C’est la fin d’après-midi dans notre village du Midi.<br /> J’ai votre livre entre mes mains.<br /> De l’endroit où je suis, ouvert sur le jardin plein de soleil, une cigale chante.<br /> Soudain, je ne l’entends plus. C’est comme si elle était entrée avec moi dans le livre dont je viens de commencer la lecture et dont je ne sortirai plus jusqu’à la dernière ligne…<br /> <br /> Génial le scénario qui pourrait faire l’objet d’un film. D’emblée, le décor est planté : nous sommes à l’aéroport de Oujda-Angad. Un avion de la Royal Air Maroc, en provenance de Paris, vient d’atterrir déversant sur la piste une centaine de personnalités qui n’étaient pas revenues à Oujda, leur ville natale, depuis plus de quarante ans. Pour la plupart, ils font partie de l’Association Mémoire et Action séfarades groupant des juifs nés au Maroc oriental et ayant fait de la France, ou autres ailleurs, leur rêve d’un bonheur qu’ils n’avaient pas trouvé chez eux.<br /> Dès cette arrivée, des figures émergent, comme des images d’archives : « le premier à apparaître du haut de la passerelle en souriant fut Isaac Barukl … durant les années cinquante, il était très connu parmi les garnements qui hantaient les rues d’Oujda … On ne savait pas s’il était musulman, chrétien ou juif … ». <br /> Et vous racontez Oujda à cette époque lorsque Chamoun, le ferblantier juif était le voisin de Koutata, le musulman, marchand de légumes, « une époque où juifs et musulmans partageaient des racines communes avec des destins contrastés …, c’était comme le mélange des couleurs d’un beau tableau … jusqu’au moment où la zizanie s’installa entre les communautés ».<br /> Le défilé des « acteurs » se poursuit : description précise, nostalgique ou pleine d’humour, désenchantée parfois :<br /> « Le deuxième à poser son pied sur la passerelle fut Maurice Benadiba, battu par son père, maltraité par sa mère,.. ; devenu l’un des douze milliardaires qui contrôlent la majorité des banques européennes …. » etc.<br /> Au fur et à mesure des apparitions, nous faisons connaissance avec des hommes, tels ce producteur dont le nom, Jean Albesa, me rappelle quelqu’un, des femmes aussi, comme Joëlle, l’adorable blonde intelligente et réservée ou Kimia, née à Oujda, un phénomène musical qui a émigré en France à Nîmes, Esther et ses mines de chatte câline, Aurélie, jolie rousse aux yeux verts ayant échappé par miracle à Auschwitz-Birkenau. <br /> Avec comme fil rouge, la charmante Nathalie, envoyée spéciale de l’hebdo français Media-Libre, journaliste et écrivain qui ponctue avec mélancolie ma promenade dans le Oujda moderne autour du Grand Hôtel Atlas-Orient ou du supermarché Marjane, aussi bien que dans la Medina « où se côtoient barbus en gandura et babouches et hommes vêtus à la dernière mode européenne, jeunes femmes en mini-jupe ou jean et femmes voilées de la tête aux pieds ».<br /> Tous ces petits portraits, pris un à un, sont chacun des chefs d’œuvre d’observation, de réalisme, de nostalgie, comme des tableaux qui nous transmettraient un regard humain sur le Maroc, riche de sa complexité.<br /> <br /> Au fil de ma lecture, j’ai aimé votre vraie recherche du pittoresque, à travers lequel on ressent votre attachement profond à ce pays et à ses traditions : « Oujda, à cette époque, était un coin de paradis sur terre …Partout à Oujda, il y avait un mélange extraordinaire de langues, de dialectes et autant de modes de vie avec tout ce que cela comporte comme accents, odeurs et bruits … »<br /> On parcourt avec vous les ruelles d’Oujda, pleines d’histoires : « j’étais amoureux de ses grandes portes en bois et de ses remparts millénaires. De ses bergers et de ses maisons paisibles. De ses petits sentiers et de son odeur de fours à pain… Je me rappelle des sandwiches de merguez et harisa de chez Htiti … ».<br /> Le pittoresque se trouve beaucoup dans les images colorées que vous employez qui font découvrir « la beauté des mots assemblés et rythmés pour le plaisir de les faire danser ». Comme vous peignez un tableau ! Et le résultat est plus vrai que nature : <br /> - « des rides remplies d’histoires,<br /> - une bouche gourmande d’envies,<br /> - des yeux armés, prêts à faire feu,<br /> - un regard à glacer le soleil,<br /> - un bain de vapeur à griller les poils du diable ». <br /> Magnifique !<br /> <br /> Vous faites partager votre regard sur la société en nous rendant témoin d’un Maroc qui peu à peu est transformé par l’évolution avec une prodigieuse diversité. On est ému par la vie des Fatnas autrefois, mais le changement n’a t-il pas crée d’autres peurs pires encore, chaque génération se berçant de l’illusion de faire table rase de ce qui ne peut être effacé ? <br /> <br /> Tant et si bien que votre livre se lit comme une sorte de conte, un récit d’Histoire, une saga marocaine dont vous nous invitez à partager la découverte, avec en toile de fond l’espoir d’une paix universelle, mais qui laisse place à toutes les questions que pose un avenir qui reste à inventer.<br /> <br /> Peut-être partagez-vous le point de vue et l’admiration inconditionnelle de plusieurs de vos personnages dont « la première pensée va à sa Majesté le Roi,… ce souverain qui aime son peuple … Tout son peuple … Musulmans et Juifs, croyants et agnostiques … qui a choisi la voie des réformes courageuses dans tous les domaines, etc .. ». Et c’est là sûrement, à ce respect, que réside la force du Maroc, mais le monde est une chose compliquée et l’artiste, écrivain ou peintre, ne peut sans doute que difficilement être dissocié du politique.<br /> Jean m’aide à comprendre ce monde compliqué en me donnant des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. En fin de compte, ce qui est important dans l’Histoire des peuples, c’est ce qui est gravé dans les cœurs et les âmes des êtres humains, qui rejoint l’éternité. <br /> C’est ce que vous écrivez vous aussi lorsque vous dites : « Tout homme qui vient à Oujda … ne peut s’empêcher d’éprouver à son contact ce sentiment religieux d’être dans un de ces lieux sacrés où le ciel paraît si proche et la foi si naturelle ».<br /> <br /> J’en étais là de mes réflexions, lorsque, à travers les lignes de votre livre, j’entendis résonner « le muezzin de la grande mosquée appelant les fidèles à la prière. C’était impressionnant cet appel puissant et modulé dans le pays du soleil couchant, pays des extrêmes et des contradictions ostentatoires ». <br /> <br /> J’étais arrivée à la fin du livre. Je restais les yeux fermés, encore dans le livre et sous le charme du récit, des odeurs, des bruits, des couleurs. Exactement comme lorsque, après avoir vu un film au cinéma, je reste un moment sur le fauteuil, encore dans l’histoire du film, coupée du monde, comme si j’étais de l’autre côté du miroir.<br /> <br /> ……………………………………………………………………………………………………………………………………..<br /> <br /> Et ce n’est qu’un bon moment après avoir terminé « Merguez et Harisa » que je revins à moi et que, soudain, j’entendis à nouveau ma cigale chanter ! <br /> <br /> Avec tous mes compliments.<br /> Micheline
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